Le Miroir du Père, ou Couronne sur mon fils.
de Etienne Chevalley (2011)

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CHF 35.-

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Quand j’ai su que c’était un garçon, j’ai bien jubilé. Il est donc né le jour de la mort de Mozart. Cette réflexion seule tempérait ma joie excessive et permettait à ma petite âme inquiète de la mieux assimiler.
Je baptisai mon enfant Miguel, et ma femme, que flattent les consonances étrangères, n’y trouva rien à redire. Il me semblait ainsi que l’âme du grand Milosz allait s’intéresser à l’enfant de ma solitude et de mon désespoir. (Car, il faut bien que je l’avoue, je me suis marié par désespoir).
Le soir j’écoutai, en sanglotant de je ne sais trop quoi, les disques du quatuor en ré mineur que Mozart composa durant les couches de sa femme, c’est-à-dire la naissance de son fils. Un petit Raymond-Léopold qui ne devait que peu après (j’y songe tout à coup !) ne plus vivre que pour les anges. Puisse mon Miguel vivre aussi pour les hommes !



En 1954, au cours d’un séjour à Paris, Etienne Chevalley fut atteint par la maladie. Alité durant quarante jours, il se lança dans l’écriture d’un roman.
Vers la fin de sa carrière, Chevalley affirmait qu’il avait peu abordé un tel genre : «L’invention romanesque n’est pas mon fort», avouait l’écrivain, en postface de son ouvrage intitulé Jours étranges. «J’ai choisi un genre littéraire assez négligé mais qui colle bien, je crois, à l’introverti que je suis entre autres : le journal».
Pourtant, confrère de renom, Carlo Coccioli recommanda Le Miroir du Père aux éditeurs parisiens.
Du vivant de son auteur, une œuvre n’est pas toujours unanimement reconnue. Aujourd’hui, nous proposons ce texte inédit.


Etienne Chevalley, en 1959.
(Photo : Bernard Juillerat).