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Quand jai su que cétait un garçon, jai bien jubilé. Il est donc né le jour de la mort de Mozart. Cette réflexion seule tempérait ma joie excessive et permettait à ma petite âme inquiète de la mieux assimiler.
Je baptisai mon enfant Miguel, et ma femme, que flattent les consonances étrangères, ny trouva rien à redire. Il me semblait ainsi que lâme du grand Milosz allait sintéresser à lenfant de ma solitude et de mon désespoir. (Car, il faut bien que je lavoue, je me suis marié par désespoir).
Le soir jécoutai, en sanglotant de je ne sais trop quoi, les disques du quatuor en ré mineur que Mozart composa durant les couches de sa femme, cest-à-dire la naissance de son fils. Un petit Raymond-Léopold qui ne devait que peu après (jy songe tout à coup !) ne plus vivre que pour les anges. Puisse mon Miguel vivre aussi pour les hommes !
En 1954, au cours dun séjour à Paris, Etienne Chevalley fut atteint par la maladie. Alité durant quarante jours, il se lança dans lécriture dun roman.
Vers la fin de sa carrière, Chevalley affirmait quil avait peu abordé un tel genre : «Linvention romanesque nest pas mon fort», avouait lécrivain, en postface de son ouvrage intitulé Jours étranges. «Jai choisi un genre littéraire assez négligé mais qui colle bien, je crois, à lintroverti que je suis entre autres : le journal».
Pourtant, confrère de renom, Carlo Coccioli recommanda Le Miroir du Père aux éditeurs parisiens.
Du vivant de son auteur, une uvre nest pas toujours unanimement reconnue. Aujourdhui, nous proposons ce texte inédit.
Etienne Chevalley, en 1959.
(Photo : Bernard Juillerat). |